Vous savez tous ce qu’est la musique.
Vous en écoutez probablement régulièrement.

Mais savez-vous que vous écoutez aussi souvent de la « musaque » [1] ?

La musaque (« musak », en anglais), c’est le nom donné à la musique de fond (souvent perçue comme aseptisée) que l’on entend partout : dans les salles d’attente, dans les grands magasins, dans certains ascenseurs, lorsqu’on est en attente au téléphone, etc.

Le mot « musak » vient d’une compagnie [2] créée en 1922 par un américain : George Squier.
Celui-ci avait remarqué que les travailleurs étaient plus productifs si on leur jouait une musique de fond.
Il a commercialisé cette idée ainsi que les appareils permettant la diffusion de cette musique (dans les années 20, cette diffusion demandait une véritable expertise, il n’y avait pas les radios ni les chaînes-hifi d’aujourd’hui).

Le système a rencontré un vif succès et a été installé dans de nombreux bâtiments et magasins. Le service a ensuite été adapté au téléphone.

A l’origine, le terme « muzak » [3] (passé dans le langage courant en Amérique du Nord) désignait uniquement le système de diffusion, mais rapidement, il a été employé pour désigner péjorativement le type de musique que l’on jouait, une musique mièvre, sans grande richesse, ni nuance, ni profondeur.

Pourtant, cette musique est étudiée pour augmenter la productivité des travailleurs dans les usines, inciter les gens à l’achat dans les magasins, ou bien les faire patienter en les rassurant (ascenseurs, téléphone).

  Caractéristiques d’une bonne Muzak

La Muzak, classée dans la catégorie de l’easy listening, repose sur des cycles d’une quinzaine de minutes, au cours desquelles le rythme s’élève progressivement.
Elle est censée masquer discrètement les bruits désagréables — voix, bruits ambiants — et augmenter soit le bien-être sur le lieu de travail (hôtesses), soit la disposition à acheter des consommations.

Des études suggèrent que son influence diminuerait à proportion du niveau d’éducation de l’auditeur.

 Les enjeux de la Muzak

Si la musique Muzak n’a pas de finalité artistique, des morceaux de toutes origines, du répertoire classique à la variété, fournissent les mélodies, permettant une identification rapide et rassurante.

La réorchestration que ces œuvres subissent leur enlève toutefois quelque pouvoir émotionnel, ce qui fait partie d’ailleurs des buts recherchés.

Pour cette raison, elle est parfois critiquée comme une forme de manipulation inconsciente.

 Quelques lettres de noblesse pourtant...

Des artistes respectés ont créé de la Muzak :

  • Glenn Miller avec « Pennsylvania 6-5000 (six-five thousand) » composé spécialement pour l’hôtel Pennsylvania (aujourd’hui Ramada Pennsylvania) de New York. Cette musique est toujours diffusée aujourd’hui, en compagnie d’autres compositions de l’orchestre de Miller, dans son hall et dans ses ascenseurs.
  • Brian Eno revendique également ce genre qu’il développe sous forme d’ambient music avec notamment le plus connu d’une série de quatre : « Ambient #1 / Music for Airports ».

Notes

[1] Ce terme de « musaque » est une antonomase du nom de la compagnie Muzak, qui fut pionnière dans ce domaine.

[2] Le mot Muzak est inventé par un général américain du nom de George Squier, qui dépose un brevet sur la diffusion de musique d’ambiance dans les années 1920. Il est forgé à partir des mots « musique » et « Kodak ».
La compagnie Muzak Inc. est fondée en 1934, et connaît un succès immédiat.
Pour en savoir plus, visitez le site de la société Muzak.

[3] Muzak (en anglais) sur Wikipédia.